Wednesday, January 17, 2007

L'ISF du couple Hollande-Royal

Tout au contraire, sur un plan symbolique, la suppression de l'ISF serait l'une des pires erreurs qu’un gouvernement pourrait commettre. Parce que les Français sont depuis longtemps, je crois, attachés à cet impôt, par lequel l’Etat paraît, même facticement, jouer le rôle attendu, c’est-à-dire rétablir un minimum de justice sociale en faveur de la majorité laborieuse. On ne peut certainement pas vous suivre dans la seconde partie de votre article, lorsque vous en appelez à une réflexion collective sur "l’enrichissement dans notre société". Cela signifierait bien, dans votre logique, la suppression de toute entrave à la cupidité des plus riches. Croyez-vous en effet qu’au niveau d’imposition représenté par l’ISF on trouve effectivement beaucoup d’esprits pour lesquels l’argent n’est pas une valeur, ou disposés au partage ? Les individus qui font "du business", ou qui ne feraient hypocritement que "consolider leur patrimoine" ne sont-ils pas au contraire sur-représentés ? Et ainsi, s’il s’agit de généraliser parmi les couches sociales les plus modestes, qui représentent encore la majorité des Français, le sentiment qu’il serait parfaitement inutile de s’échiner à trimer toute une vie, tandis que d’autres se bornent à toucher leurs loyers ou leurs dividendes, et que l’Etat ne fait décidément rien en faveur de ceux qui travaillent, alors l’éloignement de la classe politique par rapport aux préoccupations des citoyens apparaîtra toujours plus évident...

Que l’origine de la fortune du couple Hollande-Royal soit dans des investissements immobiliers réalisés il y a quinze ou vingt ans est au contraire révélateur d’une mentalité plutôt opportuniste, à l’affût du placement rentable : il y a quinze ou vingt ans, les prix de l’immobilier, sans avoir atteint les niveaux actuels, bien entendu, étaient déjà relativement élevés, et il fallait pouvoir offrir de solides garanties financières pour solliciter des prêts bancaires à des fins d’investissement... Il y a bien là matière à polémique : que la candidate de gauche ayant le plus de chances de remporter les Présidentielles ne se distingue en rien socialement de son rival de droite, que les Français puissent se demander, même un bref instant, si elle n’est pas au fond au service des mêmes intérêts, ou bien encore représentative de la même caste politique, et inféodée aux mêmes puissances d’argent, tout cela donnerait plutôt à réfléchir, non ?

Vous paraissez entendre que la société française dans son ensemble se serait ces dernières années enrichie. Ne seraient-ce pas plutôt les inégalités de revenus entre les personnes qui se seraient encore davantage élargies, et les privilégiés qui se trouvent être encore et toujours plus riches ? Vous demandez : qui est riche ? fortuné ? Je peux vous répondre, je crois : ceux qui ont le privilège de tirer des revenus de leur patrimoine, ce qui exclut par définition tous ceux qui n’ont que leur salaire ou leur traitement pour vivre, c’est-à-dire la majorité des citoyens, et cela dans tous les pays européens. Et qu’il soit de loin préférable en France comme ailleurs, sur un plan strictement matériel bien sûr, d’être commerçant, d’exercer une quelconque profession libérale, ou bien de vivre simplement de ses placements immobiliers ou financiers, plutôt que d’être encore salarié ou fonctionnaire, vous semble-t-il légitime en vérité, ou bien plutôt préoccupant ?

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